Communautés sur le lieu de travail, nouveau levier de performance

Les logiques d’aménagement répondent à la conjonction des stratégies de management, des technologies disponibles, du bâtiment et, bien évidemment, de la ressource humaine. De ces quatre facteurs, la technique et la structure ont connu des avancées conséquentes au cours des dernières années, les nouvelles technologies induisant par ailleurs une mutation profonde des économies modernes.

De la production de produits – matières premières ou transformées – nous sommes entrés dans une ère où la valeur réside essentiellement dans la production intellectuelle, ce qu’on a baptisé « économie de la connaissance ». La demande est si forte qu’elle crée un nouveau paradigme où, d’une poignée de sachants, c’est aujourd’hui l’ensemble de ressources humaines des organisations qui est sollicité pour créer de la valeur ! Nécessairement, cette nouvelle compréhension de la ressource humaine comme source première de performance conduit à rechercher de nouvelles méthodes de management susceptibles de lui permettre d’exprimer son plein potentiel.

Ian Gee et Matthew Hanwell, spécialistes en organisation et RH, auteurs du guide « The Workplace Community », proposent une solution susceptible de répondre à cette exigence de sollicitation de l’intelligence collective. Parce que ces évolutions impacteront nécessairement sur les stratégies immobilières dont, nous, professionnels, avons la responsabilité, nous souhaitons vous en proposer une traduction ci-dessous.

Vous pouvez retrouver l’article dans sa version originale sur le site Personnel Today.


La façon dont nous organisons le travail a globalement peu changé au cours des cent dernières années, en dépit des transformations que nous vivons encore tous quotidiennement et bien que nous soyons aujourd’hui entrés dans un âge numérique fondé sur la connaissance. Le travail est ainsi encore largement organisé de manière pyramidal et par service, tel qu’il l’était au début de l’ère industrielle. Par automatisme, les employés continuent d’utiliser ce type de structures sans réfléchir à d’autres options.

Et si nous prenions le temps de nous arrêter et de réfléchir à la façon dont nous pourrions atteindre nos objectifs en empruntant un autre chemin, et penser ainsi à la manière de piocher plus encore dans cette intelligence collective qu’on trouve disponible tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nos organisations ?

Travailler hors des limites

Il est logique d’utiliser le système pyramidal pour organiser des tâches telles que la comptabilité ou la conformité, car cette typologie de travail s’appuie sur la prévisibilité et la certitude. Il existe également des activités répétitives où la plus petite variation nécessite une approche prudemment planifiée, étroitement contrôlée, conduite et enregistrée.

Cependant, organiser le travail dans ces seules limites hiérarchiques limite la créativité, l’innovation et la possibilité de l’inattendu, alors même que 75% du travail dans la plupart des organismes ne nécessite pas la règle hiérarchique comme forme d’organisation dominante. Le système pyramidal peut suffire pour obtenir la réalisation du travail demandé, mais elle n’est pas forcément nécessaire. En faisant de cette forme d’organisation notre choix par défaut, intentionnellement ou non, nous limitons la possibilité d’atteindre de meilleurs résultats et d’améliorer l’engagement des collaborateurs.

Chercher des alternatives

Ces dernières années, bon nombre d’universitaires, de gourous du management et de professionnels du développement opérationnel ont réclamé un examen de la façon dont nous organisons notre travail. Ils ont cherché des méthodes alternatives d’organisation qui permettraient d’atteindre le Saint Graal de l’engagement des employés, de l’accroissement des efforts spontanés, de la création d’environnements où les individus se sentiraient capables d’exprimer tout leur potentiel.

Ce travail incluait la recherche pour rendre le management de projet plus précis et agile, l’introduction de nouvelles idées sur les matrices organisationnelles et même l’exploration de « l’intrapreneuriat », lequel vise à importer dans les lieux de travail la culture et les pratiques professionnelles des start-ups. Il existe pourtant une autre façon de travailler passant par la communauté sur le lieu de travail, qui a été mal explorée et sous-exploitée.

Communautés sur le lieu de travail

Par le terme de « communautés sur le lieu de travail », nous entendons une pratique structurée et organisée par laquelle les individus ont l’opportunité de contribuer et de travailler en-dehors du système pyramidal traditionnel, hors des silos et matrices existant dans l’organisation. Cet engagement des uns envers les autres par des voies différentes a un potentiel de résultats extraordinaire pour le business.

Sur la foi de notre expérience, la plupart des organisations sont parcourues de communautés, même si elles demeurent pour la plupart petites, souvent invisibles et freinées par le manque de soutien explicite et d’autorisations.

Dans cette économie de plus en plus fondée sur la connaissance, nos savoirs, nos pensées, nos idées, notre créativité, nos innovations et nos envies de partager et de collaborer sont une source critique de création de valeurs pour les organisations et leurs collaborateurs.

Les communautés sur le lieu de travail offrent une opportunité de piocher dans l’intelligence collective, d’engager les collaborateurs par une perception commune de sens, et permettent de libérer dans l’organisation ce fameux esprit d’intrapreneuriat.

Briser les barrières

Imaginez un environnement de travail où les collaborateurs ne sont pas tenus par des barrières entre services, un endroit où les salariés éprouvent un engagement, non seulement à l’égard de leurs collègues directs mais vis-à-vis de toute l’entreprise. Nous trouvons là des personnels qui perçoivent l’organisation dans sa globalité et sentent que leurs contributions font une différence, même lorsqu’elles sortent du cadre de leur fiche de poste ou de leurs objectifs annuels. Le sentiment communautaire est ici si fort qu’en être une composante n’est pas une option. Nous croyons que ces communautés sur le lieu de travail, si elles sont implantées avec diligence et attention, peuvent libérer des talents, des potentiels et des capacités latents dans l’organisation et générer ainsi des effets positifs sur ses résultats économiques et l’engagement des salariés.

Nous vivons et travaillons de plus en plus dans un environnement multi-générationnel, numérique, global et fondé sur la connaissance, grâce à internet et aux media sociaux. Non seulement, nous croyons que les salariés cherchent aujourd’hui de nouvelles façons de travailler et de s’accomplir, mais nos recherches prouvent que les générations qui rejoignent aujourd’hui les bureaux, les générations Y ou Z, sont à la recherche d’une relation différente avec leur travail qui ne serait pas fondée sur les us et coutumes de ceux qui sont passés là avant eux. Ils ont grandi avec le web et les technologies associées et espèrent vivre les mêmes libertés, les mêmes connections et opportunités tant dans leurs parcours professionnels que personnels.

Conclure un accord

Les communautés sur le lieu de travail ne surviennent pas par hasard: elles requièrent une intentionnalité. Il faut mettre en œuvre une vision claire de l’objectif visé et expliquer quels espoirs et quels accords sont réalisables tant pour les employés que pour l’organisation dans son ensemble. Il est nécessaire de développer un plan de mise sur orbite, parallèlement à un état des lieux des outils collaboratifs et de communication et des technologies à disposition. Il faut également comprendre les étapes que doit franchir une communauté sur le lieu de travail, que faire si elle piétine et comment mesurer son efficacité.

Les communautés sur le lieu de travail ne sont pas le Saint Graal de l’organisation du travail mais nous croyons que commencer à les utiliser provoquera une évolution du mode de pensée des directions comme des salariés. Il existe là une opportunité de porter un regard neuf sur la façon dont le travail est appréhendé et de créer le « travail du futur » au sein des organisations.

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