ORGATEC 2016 : le bureau est mort, vive le bureau !
Orgatec, qui a pris fin le 29 octobre dernier, est le plus grand salon européen du mobilier de bureau et de l’environnement de travail, avec plus de 100 000 m2 de surface d’exposition de solutions innovantes pour les nouveaux espaces de travail.
Cette édition 2016, dont le fil conducteur était « Creativity works – repenser le travail », a accueilli plus de 56 000 visiteurs de 118 pays, soit plus de 10 % d’augmentation par rapport à 2014.
De l’aménagement à l’informatique et aux télécommunications en passant par l’éclairage, les sols, l’acoustique et les techniques de conférence, l’offre présentée à Cologne souhaitait répondre à toutes les nouvelles formes de collaboration, bien loin des bureaux traditionnels et des benchs exposés à perte de vue.
Point de révolution à proprement parler sur le salon, mais de grandes tendances qui se confirmaient par une généralisation chez tous les fabricants et des extensions de gammes.
Raconte-moi une histoire
Comme à l’accoutumée, les stands étaient d’une taille impressionnante : parfois plusieurs centaines de mètres carrés. Vitra tenait même un hall entier de la foire de Cologne, sobrement intitulé « Work ». Le fabricant suisse a pourtant occupé de manière flamboyante l’immense espace avec ses partenaires, un groupe d’entreprises des domaines de l’architecture, du design et de la technologie. La scénographie, de l’entrée jusqu’au fond du hall, racontait le déroulement de la journée d’un actif, du lever du soleil à la fin de sa journée de travail, avec food truck, espace lounge, zone de travail collaboratif, aménagement favorisant la créativité, espaces individuels et même garage avec voiture futuriste. Y étaient représentés tous les éléments ayant une incidence sur les environnements de travail, des objets d’ameublement aux nombreuses possibilités d’accroissement de la productivité. D’ailleurs bien souvent, les stands racontaient une histoire sur la succession des activités à la fois personnelles et professionnelles que le collaborateur peut être amené à réaliser sur son lieu de travail et auxquelles les espaces de travail comptent bien s’adapter. Et non plus l’inverse !
Gare au bruit !
Un fil rouge jalonnait le salon : l’acoustique ! L’essor des open spaces est en corrélation avec la lutte croissante contre les nuisances sonores (cf. article Chut, je travaille !), comme l’a prouvé la généralisation des revêtements phoniques sur tous les meubles et panneaux. Les programmes acoustiques recomposables à l’infini, à accrocher ou suspendre, avec une variété inédite de formes et de couleurs, permettent de reconstituer des zones de travail pour diverses activités, de la table de travail autarcique aux systèmes flexibles de division de l’espace qui favorisent le travail connecté.
Des fauteuils enveloppants aux box/cabines phoniques plus ou moins mobiles et autonomes en éclairage et en climatisation, permettent de s’isoler pour passer un coup de téléphone, se concentrer ou encore se réunir en petit comité sans déranger ses collègues dans l’espace ouvert.
La flexibilité comme mot d’ordre
Les environnements doivent être de plus en plus flexibles pour répondre aux différentes activités quotidiennes des utilisateurs : travail individuel, concentration, réunions d’équipe, discussions informelles, détente et convivialité… et s’adapter aux nouveaux modes de travail : nomadisme, travail ponctuel en mode projet, travail à distance, etc.
Les programmes mobiliers sont constitués de différents éléments qui peuvent se déplacer sans effort, souvent sans l’intervention des services généraux et sans outils : cloisons déplaçables, tables que l’on peut allonger à l’envie, assises d’appoint sous forme de poufs ou de tabourets aux formes ludiques, propices aux discussions spontanées et informelles.
À nouveau, les fabricants ont proposé des modules de soft seating, à composer à sa guise comme dans un jeu de Tangrami chinois, avec davantage de combinaisons possibles : assises avec ou sans dossier, tables basses, branchements, cloisonnettes, bancs, repose-pieds, tableaux inscriptibles, espaces de rangements et même pots de fleurs !
Un air de « Comme à la maison… »
On pourrait retrouver ce mobilier dans les espaces d’accueil des entreprises, mais aussi dans les zones d’attentes des aéroports ou les lobbys des hôtels. Cette porosité entre les différents univers s’observe depuis quelques saisons déjà et se confirme, comme en attestait la présence de sièges à bascule ou de tables à pique-nique dans un style très « outdoor ». Des meubles que l’on imagine très aisément dans les start-up ou les espaces de coworking ! Recouverts de tissus feutrés, avec des finitions colorées pastel et des piètements en bois inspirés du design scandinave, les assises dédiées aux espaces de convivialité s’inspirent largement des codes de l’univers domestique.
La pénétration de mobilier de la sphère privée dans l’espace professionnel révèle une prise en compte par l’entreprise du bien-être et du confort des salariés. Exit le mobilier pour impressionner et véhiculer une image de marque de l’entreprise au détriment d’un environnement réellement satisfaisant pour chacun. Lorsque l’univers domestique inspire les bureaux, il lui apporte une touche de subtilité, une esthétique ultra simple et compacte, avec des tables qui rappellent celles de salles à manger, des secrétaires gains de place et des canapés confortables.
Vers le bureau 3.0…
L’intégration de la technologie dans l’aménagement a clairement franchi une étape sur ce salon.
Par mobilier connecté, on n’entend pas uniquement les rails élégamment intégrés aux tables de travail ou les espaces partagés où les nomades peuvent recharger leur téléphone ou leur ordinateur portable. L’apport de la technologie à l’aménagement de bureaux va désormais bien plus loin. Elle permet un meilleur confort de travail, une interaction toujours plus grande entre les collaborateurs mais aussi entre l’utilisateur et son environnement.
De plus en plus de fabricants proposent des tables assis-debout électriques dont l’offre s’étend enfin et où la mécanique se fait de plus en plus discrète au profit de l’esthétisme.
Des systèmes reliant le mobilier à des capteurs incitent les utilisateurs à bouger tout au long de la journée, mais fournissent également de précieuses informations aux entreprises concernant les usages. Par exemple, des capteurs placés dans les sièges détectent les mouvements des utilisateurs, ce qui permet aux entreprises d’optimiser leurs aménagements en fonction des données d’occupation et d’utilisation réelles… et ainsi d’adapter leurs espaces de travail aux véritables besoins des salariés à l’échelle d’un plateau, d’un service ou de toute l’entreprise.
Par ailleurs, les systèmes de gestion et de réservation de salles de travail ou de réunion, ou encore les solutions flexibles pour la numérisation d’espaces de travail en tout genre, ont suscité un vif intérêt.
Des applications permettent d’administrer la présence, les équipements et les services dans les salles de réunion.
D’autres permettent d’aménager des espaces de travail complexes du point de vue de la forme, de la conception et du design, en tenant compte des besoins individuels de chaque utilisateur. Ces outils permettent de visualiser le futur aménagement grâce à des logiciels de visualisation 3D, ou des systèmes immersifs et interactifs via la réalité virtuelle et la réalité augmentée, afin que les utilisateurs puissent se projeter au mieux dans l’implantation de leurs futurs locaux.
Enfin, intégrées ou non aux meubles, des applications informatiques permettent de partager son contenu de travail en direct avec ses collègues en le projetant sur un écran, pour une interaction instantanée sur un projet, un suivi tout au long de son déroulement et une réactivité accrue, gages de davantage d’efficacité.
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